100.
Il ne me reste que cent jours. Cent jours avant le verdict final. Cent jours. Et ensuite, ma vie va prendre un tournant définitif. Un tournant bon ou mauvais. Ange ou démon. Lumière ou ténèbres. J'allais basculer dans l'un des camps sans possibilités de retour. Sans pouvoir résister. Je sèmerais ou le malheur ou le bonheur. Il n'y aura pas d'entre-deux. Pas de compromis. C'est soit l'un soit l'autre.
Assise sur le rebord de ma fenêtre, je laisse les questions fuser. Les arguments s'imposer en faveur de l'un ou l'autre. Puis, je fixe simplement la lune, éclatante ce soir. Comme si elle m'appelait. Comme si elle détenait la réponse que je cherche. De quel côté vais-je basculer ? Cette question m'a déjà traversée plusieurs fois l'esprit. Mais depuis ce matin, depuis que j'ai vu ce chiffre sur ma peau, elle est plus présente. Cent jours. C'est si peu. Et pourtant, c'est tout ce qu'il me reste à vivre dans la peau de Kim Sujin. Après cela, je ne serais plus Kim Sujin. Elle aura disparue à jamais. Comme tout son passé. Plus personne ne se souviendra de moi sous ce nom, sous cette fille généreuse et souriante mais sans amis. A l'apparence heureuse alors qu'au fond son c½ur se serre sans cesse. J'aime ma vie. J'aime chaque instant passé depuis ma naissance. Je ne veux pas changer. Je ne veux pas devenir quelqu'un d'autre. Et pourtant, je n'aurais pas le choix. Je vais changer. C'est écrit. Je l'ai vu de mes yeux.
« Elle ne sera plus ce qu'elle était. Elle perdra ses convictions pour d'autres plus profondément ancrées en elle. Et elles dicteront sa nouvelle conduite. Une nouvelle Kim Sujin fera son apparition. Bonne ou mauvaise rien n'est encore fixé. »
C'est noir sur blanc ce que j'ai vu il y a cent jours. Lorsque le compte à rebours à commencer. Et je n'ai pas pris ça à la légère. Mon destin est scellé. Comme tous ceux des autres. Rien n'est choisi, tout est tracé. Jusqu'à la moindre de mes respirations. Tout est programmé. Même mon changement. Ils ne l'ont pas dit, ce soir-là, lorsqu'ils m'ont expliqué ma marque mais je sais. Je sais qu'ils connaissent la réponse à ma question. Ils ont juste l'interdiction de me la dire. Même s'ils ont prétendu le contraire : ils savent. Ma famille m'observe depuis bien longtemps. Et je suis sûre que c'est pour me faire pencher du bon côté. Je suis destinée à devenir démon. Je le sens depuis ce jour-là. Depuis ce moment où le nombre est apparu. L'obscurité m'appelle. Elle me cherche. Et je la laisse m'atteindre. Je m'y sens bien. Comme en ce moment, face au noir de la nuit.
Ce n'est pas l'inconnu qui me fait peur. C'est d'aimer cela. Aimer ce noir complet. Aimer ne pas savoir. Aimer la nuit.
Seuls ceux qui sont du côté obscur peuvent apprécier cela. Voilà pourquoi c'est mon destin. Mais je ne veux pas. Je ne veux pas n'être que tout ou rien. Je souhaite rester telle que je suis : Un être à deux facettes. Un être mi-bon, mi-mauvais. Parce que ce devrait être la nature de tout le monde. Sans lumière, il ne peut y avoir de ténèbres. Je veux être l'entre-deux.
Je soupire avant de fermer la fenêtre et de me glisser dans mes couvertures, sans penser que le lendemain, tout changerait.
Les cours. Je ne les écoute pas. Pourtant, j'ai toujours dix-huit. Toujours. Chaque contrôle. Même les surprises. Je ne varie jamais. C'est voulu. Je n'ai pas besoin d'écouter ou de réviser pour apprendre. Il me suffit de prendre mon stylo et de lire la question. La réponse s'impose d'elle-même. Je n'ai besoin de rien faire. Ça m'est naturel. Mais ça ne fonctionne que pour les cours. Dommage d'ailleurs. Les professeurs sont toujours étonnés de cela tandis que les élèves sont tantôt envieux tantôt admiratif. S'ils savaient. J'ai déjà eu plusieurs problèmes à cause de cela, de la jalousie mais je continue de le faire.
Je regarde le paysage à l'extérieur. Il n'y a pas beaucoup de soleil, seuls quelques rayons percent le ciel chargé de nuages blancs. Je trouve ça très beau. La nature m'a toujours plu, sûrement en raison de mes dons particuliers. Je m'efforce de ne pas penser au nombre inscrit sur mon bras. 99. Je pensais que ça me passerait cette nuit mais ça m'obsède toujours. Demain sera peut-être différent.
Je pense à la soirée qui m'attend en compagnie de mon père. Sa façon qu'il aura d'agir comme s'il n'y avait rien. De tenter de masquer son anxiété quant à ma destinée. Je soupire. Il ne peut pas me le cacher. Je le vois toujours. J'ai tant l'habitude. Ma mère a sombré dans les ténèbres il y a dix-sept ans. Deux mois après ma naissance. Ma s½ur il y a deux ans. A ses dix-huit ans. Il voit arriver le « jamais deux sans trois ». Je le lis dans ses yeux chaque fois qu'il me regarde. Je leur ressemble tant aussi. Ça ne facilite rien. Mais c'est ce qui me permet de déceler cette lueur de crainte dans son regard. Il veut me protéger. Mais c'est impossible. On ne change pas son destin. Le mien est tracé, quoi qu'il tente.
Je soupire une nouvelle fois et la porte de la salle s'ouvre. Je n'accorde que quelques secondes au nouvel élève qui se présente avant de me reconcentrer sur la lumière du dehors. Mais j'accorde toute mon intention aux murmures qui suivent. Le nouveau -Luhan- a remarqué mon attitude. Il a demandé qui j'étais. La réponse qui lui ait donné me déplaît fortement.
-Laisse. Elle n'a aucun intérêt. Raconte-nous plutôt d'où tu viens.
Les rayons du Soleil disparaissent. Ma bonne humeur avec.
A midi, le Soleil n'est toujours pas revenu. Je tourne plus ma fourchette dans le plat que je ne mange. Je pensais être apprécié. Je pensais qu'on m'aimait bien sans forcément être l'un de mes amis. Mais sa remarque ne m'a pas donné cette impression.
Je repousse mon plateau et me lève. Je n'ai pas faim de toute façon. En sortant de la cantine, j'aperçois Luhan à une table, entouré de plusieurs dizaines de personnes. Il est devenu l'attraction du lycée. Alors que je m'apprête à détourner le regard, ses yeux se plantent dans les miens et j'ai l'impression qu'il me sonde. Qu'il sait que je suis spéciale. Mais c'est impossible, personne ne peut le deviner en me regardant. Ce que je suis est inconnu aux humains normaux. Je finis par regarder devant moi et par sortir. En sentant encore son regard dans mon dos.
Avoir un peu de Soleil m'aurait réconforté, assise sur l'herbe de la cour. Mais il fait toujours sombre. Je ferme les yeux et tente de trouver des arguments en faveur de ma transformation en lumière. Premièrement, j'essaye toujours d'aider ceux qui viennent à moi. Deuxièmement, le bonheur des autres fait le mien. Troisièmement, je fais quasiment toujours passer les besoins des autres avant le mien. Quatrièmement...
Une ombre assombrit le peu de lumière que j'ai. Qui a eu la brillante idée de s'approcher ainsi de moi ? En ouvrant les yeux, j'aperçois le fameux Luhan. Que me veut-il ? De là où je me trouve, il me paraît plus beau et plus grand que je ne l'ai cru.
-Oui ? Demandé-je voyant qu'il n'est pas décidé à parler, bien que ce soit lui qui soit venue vers moi.
Pourquoi me cacher le soleil si c'est uniquement pour rester planté devant moi ?
-Figure-toi que j'avais une idée précise de ce que je voulais te dire et puis maintenant, j'ai oublié, explique-t-il en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
Et cela me fait sourire. Il est mignon.
-Eh bien, je ne vois pas quoi te dire. Je ne peux rien faire pour que tu retrouves la mémoire.
Je n'ai pas eu l'intention de lui reprocher quoi que ce soit, pourtant, c'est ainsi que je l'ai formulé. Mais il ne part pas pour autant.
-Oui, c'est vrai, admet-il avec à nouveau un geste de la main dans ses cheveux. Je suis désolé de t'avoir dérangée pour rien. J'espère qu'on se reparlera une autre fois.
Et là, il s'en va. Me laissant très perplexe. Pourquoi voulait-il me parler ? Pourquoi à moi ?
Je laisse ses questions de côté et me lève à mon tour, afin de retourner en cours.
Assise sur le rebord de ma fenêtre, je laisse les questions fuser. Les arguments s'imposer en faveur de l'un ou l'autre. Puis, je fixe simplement la lune, éclatante ce soir. Comme si elle m'appelait. Comme si elle détenait la réponse que je cherche. De quel côté vais-je basculer ? Cette question m'a déjà traversée plusieurs fois l'esprit. Mais depuis ce matin, depuis que j'ai vu ce chiffre sur ma peau, elle est plus présente. Cent jours. C'est si peu. Et pourtant, c'est tout ce qu'il me reste à vivre dans la peau de Kim Sujin. Après cela, je ne serais plus Kim Sujin. Elle aura disparue à jamais. Comme tout son passé. Plus personne ne se souviendra de moi sous ce nom, sous cette fille généreuse et souriante mais sans amis. A l'apparence heureuse alors qu'au fond son c½ur se serre sans cesse. J'aime ma vie. J'aime chaque instant passé depuis ma naissance. Je ne veux pas changer. Je ne veux pas devenir quelqu'un d'autre. Et pourtant, je n'aurais pas le choix. Je vais changer. C'est écrit. Je l'ai vu de mes yeux.
« Elle ne sera plus ce qu'elle était. Elle perdra ses convictions pour d'autres plus profondément ancrées en elle. Et elles dicteront sa nouvelle conduite. Une nouvelle Kim Sujin fera son apparition. Bonne ou mauvaise rien n'est encore fixé. »
C'est noir sur blanc ce que j'ai vu il y a cent jours. Lorsque le compte à rebours à commencer. Et je n'ai pas pris ça à la légère. Mon destin est scellé. Comme tous ceux des autres. Rien n'est choisi, tout est tracé. Jusqu'à la moindre de mes respirations. Tout est programmé. Même mon changement. Ils ne l'ont pas dit, ce soir-là, lorsqu'ils m'ont expliqué ma marque mais je sais. Je sais qu'ils connaissent la réponse à ma question. Ils ont juste l'interdiction de me la dire. Même s'ils ont prétendu le contraire : ils savent. Ma famille m'observe depuis bien longtemps. Et je suis sûre que c'est pour me faire pencher du bon côté. Je suis destinée à devenir démon. Je le sens depuis ce jour-là. Depuis ce moment où le nombre est apparu. L'obscurité m'appelle. Elle me cherche. Et je la laisse m'atteindre. Je m'y sens bien. Comme en ce moment, face au noir de la nuit.
Ce n'est pas l'inconnu qui me fait peur. C'est d'aimer cela. Aimer ce noir complet. Aimer ne pas savoir. Aimer la nuit.
Seuls ceux qui sont du côté obscur peuvent apprécier cela. Voilà pourquoi c'est mon destin. Mais je ne veux pas. Je ne veux pas n'être que tout ou rien. Je souhaite rester telle que je suis : Un être à deux facettes. Un être mi-bon, mi-mauvais. Parce que ce devrait être la nature de tout le monde. Sans lumière, il ne peut y avoir de ténèbres. Je veux être l'entre-deux.
Je soupire avant de fermer la fenêtre et de me glisser dans mes couvertures, sans penser que le lendemain, tout changerait.
Les cours. Je ne les écoute pas. Pourtant, j'ai toujours dix-huit. Toujours. Chaque contrôle. Même les surprises. Je ne varie jamais. C'est voulu. Je n'ai pas besoin d'écouter ou de réviser pour apprendre. Il me suffit de prendre mon stylo et de lire la question. La réponse s'impose d'elle-même. Je n'ai besoin de rien faire. Ça m'est naturel. Mais ça ne fonctionne que pour les cours. Dommage d'ailleurs. Les professeurs sont toujours étonnés de cela tandis que les élèves sont tantôt envieux tantôt admiratif. S'ils savaient. J'ai déjà eu plusieurs problèmes à cause de cela, de la jalousie mais je continue de le faire.
Je regarde le paysage à l'extérieur. Il n'y a pas beaucoup de soleil, seuls quelques rayons percent le ciel chargé de nuages blancs. Je trouve ça très beau. La nature m'a toujours plu, sûrement en raison de mes dons particuliers. Je m'efforce de ne pas penser au nombre inscrit sur mon bras. 99. Je pensais que ça me passerait cette nuit mais ça m'obsède toujours. Demain sera peut-être différent.
Je pense à la soirée qui m'attend en compagnie de mon père. Sa façon qu'il aura d'agir comme s'il n'y avait rien. De tenter de masquer son anxiété quant à ma destinée. Je soupire. Il ne peut pas me le cacher. Je le vois toujours. J'ai tant l'habitude. Ma mère a sombré dans les ténèbres il y a dix-sept ans. Deux mois après ma naissance. Ma s½ur il y a deux ans. A ses dix-huit ans. Il voit arriver le « jamais deux sans trois ». Je le lis dans ses yeux chaque fois qu'il me regarde. Je leur ressemble tant aussi. Ça ne facilite rien. Mais c'est ce qui me permet de déceler cette lueur de crainte dans son regard. Il veut me protéger. Mais c'est impossible. On ne change pas son destin. Le mien est tracé, quoi qu'il tente.
Je soupire une nouvelle fois et la porte de la salle s'ouvre. Je n'accorde que quelques secondes au nouvel élève qui se présente avant de me reconcentrer sur la lumière du dehors. Mais j'accorde toute mon intention aux murmures qui suivent. Le nouveau -Luhan- a remarqué mon attitude. Il a demandé qui j'étais. La réponse qui lui ait donné me déplaît fortement.
-Laisse. Elle n'a aucun intérêt. Raconte-nous plutôt d'où tu viens.
Les rayons du Soleil disparaissent. Ma bonne humeur avec.
A midi, le Soleil n'est toujours pas revenu. Je tourne plus ma fourchette dans le plat que je ne mange. Je pensais être apprécié. Je pensais qu'on m'aimait bien sans forcément être l'un de mes amis. Mais sa remarque ne m'a pas donné cette impression.
Je repousse mon plateau et me lève. Je n'ai pas faim de toute façon. En sortant de la cantine, j'aperçois Luhan à une table, entouré de plusieurs dizaines de personnes. Il est devenu l'attraction du lycée. Alors que je m'apprête à détourner le regard, ses yeux se plantent dans les miens et j'ai l'impression qu'il me sonde. Qu'il sait que je suis spéciale. Mais c'est impossible, personne ne peut le deviner en me regardant. Ce que je suis est inconnu aux humains normaux. Je finis par regarder devant moi et par sortir. En sentant encore son regard dans mon dos.
Avoir un peu de Soleil m'aurait réconforté, assise sur l'herbe de la cour. Mais il fait toujours sombre. Je ferme les yeux et tente de trouver des arguments en faveur de ma transformation en lumière. Premièrement, j'essaye toujours d'aider ceux qui viennent à moi. Deuxièmement, le bonheur des autres fait le mien. Troisièmement, je fais quasiment toujours passer les besoins des autres avant le mien. Quatrièmement...
Une ombre assombrit le peu de lumière que j'ai. Qui a eu la brillante idée de s'approcher ainsi de moi ? En ouvrant les yeux, j'aperçois le fameux Luhan. Que me veut-il ? De là où je me trouve, il me paraît plus beau et plus grand que je ne l'ai cru.
-Oui ? Demandé-je voyant qu'il n'est pas décidé à parler, bien que ce soit lui qui soit venue vers moi.
Pourquoi me cacher le soleil si c'est uniquement pour rester planté devant moi ?
-Figure-toi que j'avais une idée précise de ce que je voulais te dire et puis maintenant, j'ai oublié, explique-t-il en passant nerveusement une main dans ses cheveux.
Et cela me fait sourire. Il est mignon.
-Eh bien, je ne vois pas quoi te dire. Je ne peux rien faire pour que tu retrouves la mémoire.
Je n'ai pas eu l'intention de lui reprocher quoi que ce soit, pourtant, c'est ainsi que je l'ai formulé. Mais il ne part pas pour autant.
-Oui, c'est vrai, admet-il avec à nouveau un geste de la main dans ses cheveux. Je suis désolé de t'avoir dérangée pour rien. J'espère qu'on se reparlera une autre fois.
Et là, il s'en va. Me laissant très perplexe. Pourquoi voulait-il me parler ? Pourquoi à moi ?
Je laisse ses questions de côté et me lève à mon tour, afin de retourner en cours.
95.
Le temps passe si vite. Déjà cinq jours depuis l'apparition du nombre. Quatre depuis l'arrivée de Luhan dans la classe. Etrangement, sa présence me met mal à l'aise. J'ai l'impression qu'il se doute de quelque chose. J'ai l'impression qu'il sait qui je suis réellement. Mais c'est impossible. A moins qu'il ne soit comme moi.
Il ne m'a pas reparlé depuis le jour de sa rentrée mais je sens son regard sur moi par moment. Surtout pendant les heures de cours que je passe à regarder l'extérieur. Toujours le même et pourtant si différent. Peut-être est-ce en réalité moi qui change.
Une chaise tirée me sort soudainement de mes pensées. Je tourne la tête et m'aperçois que le nouveau s'assoit à côté de moi.
-Qu'est-ce qu'il y a dehors pour que tu regardes avec autant d'intérêt ? Questionne-t-il en dirigeant son regard sur moi.
-La nature.
Ma réponse le laisse perplexe plusieurs secondes puis, il finit par hocher la tête et se reporte son attention sur le tableau.
-Pourquoi t'être mis là ?
Je n'ai pas laissé une minute s'écouler avant cette question.
-Parce que j'en avais envie et ton obstination à ne pas suivre les cours pour voir le paysage me rendait curieux. Je peux partir si tu veux.
-Non, tu fais ce que tu veux.
Et la discussion s'achève. Le cours commence et Luhan n'intervient plus que pour répondre aux demandes du professeur, ravi qu'un bon élève ait intégré la classe. Je le fixe de longues minutes sans qu'il ne réagisse. Une pensée me hantant : Pourquoi ai-je l'impression qu'il est différent ?
A la pause de midi, il s'invite à ma table. Sous les protestations de certaines camarades qui voient d'un mauvais ½il qu'il se rapproche de moi. Bon sang, que s'est-il passé pour que je sois devenue aussi rapidement celle à éviter ? L'ai-je toujours été sans m'en apercevoir ?
-Tu es bizarre, lâche-t-il en s'arrêtant de manger.
S'il savait pour quelle raison.
-Je suis moi.
-C'est une habitude que de fixer les gens alors ?
-Non. Tu m'intrigues, c'est tout. Tu es allé contre l'avis du plus grand nombre en t'installant avec moi. Je ne comprends pas très bien pourquoi tu fais cela.
-Si je suis honnête me croiras-tu sans douter ? Questionne-t-il ancrant son regard dans le mien.
Ses yeux me scrutent avec une telle intensité que j'ai l'impression qu'il ne voit que moi. A-t-il pu oublier le monde pour moi ?
-Non. Je ne crois pas les paroles, elles m'ont longtemps dupée. Mais peut-être qu'un jour j'aurais assez confiance en toi pour changer ma réponse.
-Dans ce cas j'attendrais, me sourit-il.
50.
Ça y est, je suis à la moitié. 50 jours se sont écoulés. 50 jours durant lesquels je me suis sentie basculer de plus en plus dans les ténèbres. Je n'ai pas su résister à l'appel de la nuit, j'ai fini par sortir dans l'obscurité. Parcourant la forêt sans crainte. Sans doute. M'imprégnant de l'atmosphère et de la nature. Le son des branches. Le son des pattes qui écrase des feuilles mortes. Ou bien la course d'un renard poursuivant sa proie. J'aime toutes ses sensations. J'aime le noir. Et ça m'effraie. Autant que les pouvoirs que je développe au fil du temps.
Mais ces 50 jours n'ont pas été que crainte, je me suis considérablement rapprochée de Luhan. Il est devenu un ami. Mon seul ami. En sa présence, je sens la lumière m'attirer à elle. Avec lui, l'obscurité ne m'atteint pas. Il est ma lumière. Je ne sais pas s'il voit mon changement de comportement, je ne sais pas s'il se doute de quelque chose. Si c'est le cas, il n'en dit rien, le gardant pour lui.
Je marche jusqu'à chez moi en sa compagnie, il souhaitait m'accompagner. La conversation est banale jusqu'à ce que je n'arrive. Son sourire disparaît et son visage prend un air grave. J'ai peur de ce qu'il va me confier. A-t-il compris que je suis différente ? A-t-il compris qu'il me perdra dans 50 jours ? L'équivalent d'environ un mois et demi ?
Mon c½ur s'emballe alors que ses yeux s'ancrent pour la énième fois dans les miens. Ils m'hypnotisent toujours autant. Ils me semblent toujours aussi profond. Et déstabilisant. Est-ce moi qui n'ai pas vu ce qu'il était ? Cette pensée me fait plus peur que le reste. Si je deviens ombre et qu'il est lumière, jamais nous ne pourrons vivre ensemble. C'est impossible. Ombre et lumière ne peuvent cohabiter.
-As-tu suffisamment confiance en moi maintenant pour que je réponde honnêtement à ta question ?
Je cligne des yeux, surprise de sa demande. Il me faut plusieurs secondes avant de me souvenir de quoi il parle. Comment a-t-il fait pour s'en rappeler ? Pourquoi n'a-t-il tout simplement pas oublier ? C'est devenu sans importance désormais. Qu'importe ses raisons, il est mon ami. Je n'en ai aucun doute. Et n'en aurais jamais. Luhan est profondément gentil.
-Oui. Mais ta réponse ne changera sans doute rien.
-Je ne suis pas du même avis, réplique-t-il. Tu me plais, ajoute-t-il m'empêchant de répondre. Depuis le premier jour. J'ai été déstabilisé par ton assurance au début et après un temps, j'ai trouvé le courage nécessaire pour me rapprocher de toi. Tu me plais et c'est pour cela que je voulais devenir ton ami, je voulais apprendre à te connaître. Je ne suis pas déçu. Sujin, acceptes-tu de sortir avec moi ?
Mes oreilles bourdonnent, mon souffle se saccade, mon c½ur s'emballe comme jamais. Rêvai-je de ce moment ? Evidemment. Mais c'est un rêve fou. Insensé. Irréaliste. Je changerais dans cinquante jours. Je deviendrais quelqu'un d'autre. Il m'oubliera. Comment pourrai-je le supporter après avoir passé autant de temps avec lui ? Au fond, il est déjà trop tard. Il m'est trop important. Qu'importe le futur, la séparation sera douloureuse. J'ai déjà mal en pensant qu'il ne me considérera même plus comme une connaissance. Je vais disparaître des mémoires des Hommes et ce qu'importe le résultat.
-Je ne peux pas Luhan, je suis désolée...
Mes paroles sont vides de détermination. Elles ne sont que tristesse. Et désespoir. Mes yeux s'embrument. J'aurais tant voulu pouvoir vivre cet amour avec lui. J'aurais tant voulu que les choses soient différentes. Pourquoi devais-je devenir une autre personne ?
-Pourquoi ?
Son ton froid et tranchant contraste sans problème avec mon ton doux et prévenant. Il est en colère. Mais je n'ai rien choisi. Le destin est tout tracé. Ma vie est toute tracée.
-Luhan, je...
-C'est à cause de cette marque ? Me coupe-t-il. A cause de ce chiffre qui ne cesse de diminuer ? Je ne sais pas ce qu'il représente, mais je m'en fiche. Je veux être avec toi et ce n'est pas un stupide nombre qui y changera quelque chose, finit-il plus calmement et plus déterminé.
-Tu ne dirais pas cela si tu savais.
-Dis-moi alors.
-Si je le fais, je risque ma vie.
Les dirigeants de notre espèce n'apprécient absolument pas que les humains soient au courant de notre existence. Plus il y aura de gens au courant, plus le danger sera grand. Les humains ont toujours peur. Peur de la lumière comme des ténèbres. Nous sommes différents et cela fait de nous un danger à leurs yeux. Comment me verrait-il, lui ?
-Alors je le découvrirais moi-même, affirme celui que j'aime avant de tourner les talons et de partir sans un mot de plus.
Quel avenir m'est réservé désormais ?
47.
Seulement trois jours mais j'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée. Luhan me manque tant. Le voir sans qu'il ne m'adresse la parole est si difficile. Mais que puis-je y faire ? C'est mieux ainsi. Il est dangereux pour lui de s'approcher de moi. Mes pouvoirs m'effraient moi-même.
Je profite du week-end pour me rendre en forêt. Mon père est contre, craignant que je n'attire l'attention mais l'appel est si grand que je ne peux y résister. Comme ma mère et ma s½ur avant moi. J'ai de moins en moins de doute sur ce que je serai. Pourtant, je veux croire que du bon persiste en moi. Mon amour pour Luhan ne peut pas être mauvais. L'amour est beau, non ?
La nuit commence à tomber. Des ombres s'élèvent. Des animaux se réveillent. La lune apparaît haut dans le ciel, me donnant l'impression qu'elle veille sur moi. J'inspire l'air pur de la forêt. Pourquoi les démons sont-ils attirés par la nature ? Elle est pourtant un symbole de vie, d'innocence. Peut-être est-ce là la raison. Un démon n'est-il pas un maître du mensonge ? Des faux-semblants ? De la manipulation ? Quelle meilleure image que celle d'une nature florissante pour attirer des proies ?
Un bruit de pas me stoppe dans mes réflexions. Son odeur me parvient très clair. Comment m'a-t-il trouvé ?
-Alors, c'était cela ? Questionne Luhan en apparaissant à la lueur de la lune.
Son visage, éclairé de cette façon, me paraît plus beau. Plus sincère encore. Mon c½ur tambourine dans ma poitrine. A-t-il peur de moi maintenant ? Me voir entouré de ces fleurs, de ces arbres, de ces animaux, lui fait-il peur ? Voit-il en moi un être abject à éliminer ? Est-il comme la majorité ?
-Tu n'es pas humaine, murmure-t-il en s'arrêtant à quelques pas de moi.
Les animaux ne fuient pas. Ils le regardent et attendent ma réaction.
-Le nombre que tu vois sur ma peau est les jours qu'il me reste dans la peau de Kim Sujin. Ombre ou lumière, je saurais enfin. Je suis différente de toi à un point que tu ne peux pas imaginer.
-Crois-tu que j'ai peur de toi ? Interroge-t-il de son regard perçant tandis qu'il s'approche encore.
Les animaux reculent pour le laisser passer. Il s'assit en face de moi sans me quitter du regard.
-Crois-tu que je vais t'oublier pour si peu ?
Je tends ma main devant moi et je n'ai pas besoin de me concentrer pour qu'une fleur y germe. Je la tends ensuite à un lapin qui vient la manger sans crainte.
-Ce que tu vois là n'est qu'une infime partie de ce que je suis capable de faire. Le monde pourrait être à mes pieds, si je le désirais. Penses-tu être capable de prendre le risque ?
-Quel risque ? Demande Luhan en faisant glisser sa main sur ma joue. Aucun risque n'est assez fort pour m'éloigner de toi.
-Luhan, la nature n'a aucun secret pour moi. L'eau, l'air, la terre, le feu, le tonnerre, les animaux. Rien ne s'oppose à moi. Tout m'obéit.
-Mais tu ne me feras rien, j'ai confiance en toi.
-Tu es fou.
-De toi, complète-t-il en laissant sa main sur ma joue.
5.
Je regarde ce chiffre depuis une heure sans pouvoir en détacher mon regard. Il ne me reste que cinq jours de bonheur avant de connaître l'enfer. Un avenir sans Luhan est un avenir sans bonheur. Mon père n'accepte pas ma relation avec lui mais je ne lui ai pas laissé le choix. Ce sont mes derniers jours en tant que Kim Sujin, je veux les passer comme je l'entends. Il est toujours impoli avec mon petit-ami mais il accepte que je le vois. Il sait que je vais souffrir, c'est pour cela qu'il tente de m'éloigner de lui. Mais je ne regretterais jamais d'avoir dit oui. Je ne regretterais pas parce que ces 42 jours passés à ses côtés ont été les plus merveilleux de ma vie. Les ténèbres m'ont toujours plus gagnée mais Luhan est toujours là. Il m'aide, me soutient, me console. Il m'aime.
-Ce qui compte c'est le moment présent, pas cette marque, me sort-il de mes pensées puis, il capture mes lèvres.
-Elle est ce que je serai.
-Tu es toi et c'est tout ce qui compte.
Il a toujours vu les choses de cette manière. Il est humain. Il ne peut pas comprendre tout ce que cela signifie. C'est trop abstrait pour lui. J'ai vu les conséquences de nombreuses fois. Lumière ou ombre, le changement est flagrant. Et inévitable. Pourtant, mon désir de rester la même n'a jamais été si puissant.
-Pour le moment je suis moi...
-Demain aussi. Et les jours suivants également. J'y crois. Bon ou mauvais côté, tu ne peux pas oublier qui tu es Sujin. Tu ne peux pas... souffle-t-il en posant son front contre le mien tout en fermant les yeux.
Je fais de même.
-Tu es humain mais tu es différent de tous les autres. Je t'aime...
J'ai espoir qu'il ne m'oublie pas après. J'ai espoir de changer cette prophétie écrite. J'ai espoir. Il le faut. S'il ne m'oublie pas, Luhan restera auprès de moi, qu'importe le sort qui m'est réservé. Il me l'avait dit et répété un nombre incalculable de fois durant ses semaines. Il y croit dur comme fer. Alors qu'il n'a pas vu ce qu'un Obscur est capable de faire. Il n'a pas vu sa force ni sa haine. J'ai vu et j'ai peur de leur ressembler. Luhan ne pourrait pas rester avec moi.
-Pour longtemps, ajoute-t-il.
Je me retiens de lui dire la vérité. Il ne sait pas qu'il m'oubliera. Je n'ai pas le courage de le lui avouer. Je ne souhaite pas l'inquiéter pour quelque chose dont il n'aura même pas conscience.
-Oui, pour longtemps.
Je préfère sourire et mentir.
2.
Allongée sur l'herbe de la forêt, j'écoute le vent siffler entre les branches, Luhan à mes côtés. Il me serre dans ses bras. Comme pour retenir le moment fatidique. Nous sommes si proches de la fin. Comment me sentirai-je après ? Le changement fait-il mal ? J'ai peur. Pour la première fois, même dans ses bras, j'ai peur. Je pleure. Ce soir est le dernier soir que je peux passer avec Luhan.
-Je suis désolée...
-Tu n'as rien à te reprocher, tu ne décides pas.
-Je suis désolée d'avoir attiré ton attention sans le vouloir. Je suis désolée de ne pas être comme les au...
-Tu es bien meilleures que toutes les autres. Même en m'effaçant la mémoire, je suis certain que je t'aimerais à nouveau, souffle-t-il et il ne sait pas à quel point ses mots font grossir l'espoir que j'ai. C'est toi et personne d'autre, Sujin. Cesse de te tracasser pour ça. Je ne regrette pas de t'aimer. Regarde, les animaux semblent sourire en nous voyant, les arbres nous protègent et les oiseaux chantent pour nous. Qu'aurais-je pu rêver de moi ? Chuchote-t-il à mon oreille, s'étant rapproché.
Une vie sans magie. Sans problème. Il ne le dit pas mais je sais qu'il a autant peur que moi. Il doute de lui et de ses paroles. Mais je sais qu'au fond, il n'aura aucune hésitation. S'il doit apprendre à tuer, il le fera. Parce qu'il m'aime plus que quiconque. Enfin, à supposer qu'il se souvienne.
-Je n'ai pas réussi à convaincre mon père de te laisser assister à la cérémonie...
-Crois-tu que j'attende son autorisation ? Je serai là. Même si je dois ramper pour venir. Tu es ma vie, ne l'oublie jamais.
Je serre sa main dans la mienne. Priant pour qu'il m'aime encore. Priant pour devenir lumière. Priant pour que nous restions toujours ensemble.
C'est le dernier soir que je peux passer avec lui. Demain, à la même heure, je serais sur la colline à deux kilomètres de là. Je regarderai la lune et me changerais à jamais. Mais mon c½ur l'appellera toujours.
1.
Je suis face à la lune, la plus brillante que j'ai vue à ce jour. Mon bras tendu vers elle afin que je voie le chiffre changer. Je ne sais combien de temps cela dure. Mais le 1 se transforme sous mes yeux.
0.
Je l'ai tant redouté et tant attendu. Ce moment. Ce moment de destinée. Derrière moi, ma famille retient son souffle. Luhan n'est pas encore là. J'aurais voulu qu'il puisse me voir une dernière fois avant d'oublier. Je voudrais oublier. J'aurais moins mal. Mon regard s'ancre sur la lune et ne la quitte pas. Des fourmillements commencent à naître dans mon corps. Ils commencent dans mes mains et s'étendent à tout mon corps. Ce n'est pas désagréable. Je ne ferme pas les yeux, bien que j'en ai envie. Je dois continuer à fixer la lune.
Je sens ma puissance s'élever. Encore ? N'en ai-je pas déjà beaucoup ? Mes sens se développent encore. J'entends des pas qui se rapprochent de notre groupe. Je sais que c'est lui qui arrive. Ma vue devient s'obscurcit soudain. Et je sais que c'est fini. Je sais qui je vais devenir. Je ferme les yeux, sentant la magie grouillait en moi. Je n'ai pas besoin de voir pour savoir que mes cheveux bruns deviennent plus noirs que la nuit. Ma robe spécialement créée pour ce jour, d'un bleu ciel, prend la couleur du charbon. Un trait orange se colore sur la diagonale. Mes souvenirs défilent et s'effritent. Je ne distingue plus certains visages. Ni certaines voix. Je ne cherche pas à les retenir. Je ne souhaite qu'oublier mes erreurs. Ne pas savoir ne me fera pas culpabiliser d'avoir un jour été cette Sujin.
Lorsque je rouvre les yeux, le monde m'apparaît tel qu'il est. Un vaste terrain de jeu sur lequel je pourrais exercer mes pouvoirs à ma guise. Deux voix familières m'appellent dans le lointain. Je reconnais les timbres de ma s½ur et ma mère. Elles m'ont attendue. Je souris.
Une brise se lève, me rappelant que je ne suis pas seule. Je me tourne avec lenteur vers le groupe, faisant une légère révérence.
-Merci d'avoir assisté à ma renaissance. Nous nous reverrons peut-être au détour d'une rue.
Ma voix me paraît plus mature. Plus calculatrice. Je l'aime. Elle est parfaite pour moi.
Je les regarde tous une dernière fois, leur montrant ma transformation en quelqu'un de meilleur quand quelqu'un se détache du groupe. Il est jeune et je ne le connais pas. Pourtant, sa voix me fait frissonner. Il sera le premier à tomber. Il sera mon premier jeu.
-Sujin tu ne peux pas partir !
Il semble déjà tenir à moi, parfait. Mais j'ai la sensation qu'il ne sera pas un bon jouet. S'il me dit de rester, mieux vaut l'éliminer.
Je le fixe, lui faisant croire que je réfléchis alors que les plantes poussent. Une fois suffisamment solides, elles se jettent sur lui et le font s'élever devant moi, sous le regard impuissant des autres. Déjà pris au piège.
-Quel dommage de gâcher un si beau visage, soufflé-je en passant ma main sur sa joue.
Il ne dit dans un premier temps, rien. Il ne crie pas, ne s'affole pas. Il se contente de me regarder intensément. Cherchant une réponse qu'il n'aura sans doute pas. Ses yeux, d'abord empli de tristesse et de nostalgie, change subitement. Ne laissant qu'une froide détermination.
-Souviens-toi, tu es ma vie... murmure-t-il.
Je recule et rit. Je ne le connais pas. Et si c'est le cas, je ne souhaite pas le savoir. Je vais le tuer lentement.
-Tu es ma proie, souris-je.
Si dans un premier temps, ses pupilles transmettent la peur qu'il ressent, il se reprend très vite. Sans ciller, il lance :
-Je te l'ai dit et redit. Qu'importe ton destin, je serais là. Alors si tu souhaites ma mort, je l'accepterai. Parce que vivre une vie sans toi à mes côtés, ce n'est pas vivre mais souffrir.
Sa phrase, prononcée avec tant de force et conviction, me fait vaciller. Une image de lui me souriant m'assaille. Mes mains se portent à mes oreilles. J'ai mal. Je secoue la tête et me rapproche de lui, prête à le tuer de mes mains. Il doit mourir, c'est devenu une certitude.
-Crois-tu que j'ai peur de toi ? Questionne-t-il me faisant à nouveau chanceler.
A présent, je le vois émerger parmi des troncs d'arbres, marchant calmement.
-Crois-tu que je vais t'oublier par-delà la mort ? Aucun risque n'est assez fort pour m'éloigner de toi, poursuit-il et je le vois assis, à travers les yeux d'une autre. Pas même la mort. Tu ne me feras rien, j'ai confiance en toi, assure-t-il.
Et je revois son regard sans faille. Sans doute.
-Tu es fou.
-De toi, complète-t-il et les souvenirs jaillissent comme un torrent. Si forts, si violents, que je suis incapable de rester debout. Je chute sur le sol, mes mains encadrant mon visage.
Qui suis-je ? Je suis perdue. Je lève les yeux vers Luhan. Tiens, j'ai trouvé son nom. Les lianes ne le maintiennent plus, il s'en défait et s'avance vers moi. Au même moment, la douleur s'évapore. Je me tourne automatiquement vers la lune. Elle brille toujours autant. Elle m'appelle. Comment est-ce possible ? Je suis ténèbres.
A peine cette idée me traverse-t-elle que les fourmillements reviennent. Mais ils sont différents. Plus subtils, plus discrets. Plus fluides. Lorsque je les ressens dans tout le corps, je regarde la diagonale orange de ma robe disparaître. Le blanc l'envahit sur toute une moitié. Et il en va de même pour mes cheveux, seulement ils deviennent blonds sur la partie supérieure. Comme si j'ai fait une teinture.
Je me regarde sans y croire.
-Tu es toi pour le restant de tes jours, comme je te l'avais dit, me souffle une voix en passant ses bras autour de moi.
Sa tête vient se poser sur mon épaule et il observe la lune.
-Je ne suis pas un humain comme les autres. Mais toi non plus, tu n'es pas comme les autres. Il fallait juste y croire. J'y ai cru pour deux.
Et ça a tourné les roues du destin. Il a gardé la mémoire tandis que je l'ai perdu.
Mi-ange mi-démon. Voilà ce que je suis aujourd'hui. L'entre-deux que j'ai toujours souhaité.
J'inspire une nouvelle fois et je laisse mon regarde dérivé sur la lune.
-Ni bonne ni mauvaise. Me voici changée, grâce à toi.
Cette nuit-là, Luhan a défié le destin. Il a imposé sa vision des choses. Y a cru. L'a fait devenir réalité sans douter. Il m'a appris qu'on peut décider de sa propre voie, il suffit d'y croire jusqu'au bout.
Je suis devenue l'entre-deux. La première. Je serais un modèle, je changerais à mon tour les règles. A ses côtés.
-Je t'aime.
-Pour toujours, complète Luhan.
"Pour l'éternité." Rectifié-je pour moi-même.
-Ni bonne ni mauvaise. Me voici changée, grâce à toi.
Cette nuit-là, Luhan a défié le destin. Il a imposé sa vision des choses. Y a cru. L'a fait devenir réalité sans douter. Il m'a appris qu'on peut décider de sa propre voie, il suffit d'y croire jusqu'au bout.
Je suis devenue l'entre-deux. La première. Je serais un modèle, je changerais à mon tour les règles. A ses côtés.
-Je t'aime.
-Pour toujours, complète Luhan.
"Pour l'éternité." Rectifié-je pour moi-même.
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Et c'est la fin ^^ Comment avez-vous trouvé ?
Le film Sublime créature m'a inspirée pour cet OS :)
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